Le protocole de la sous-étude sur l’insécurité alimentaire a été élaboré par le Dr Joe Cox, co-chercheur du CCC. De novembre 2012 à octobre 2015, la sous-étude a été mise en œuvre dans les 17 sites du CCC et une collecte de données semestrielle a eu lieu. Tous et toutes les participants et participantes de la CCC ont été invité(e)s à s’inscrire à la sous-étude. L’objectif principal était de comprendre la relation entre l’insécurité alimentaire, les facteurs comportementaux et cliniques liés à la co-infection VIH-VHC, la qualité de vie liée à la santé et les résultats de santé et de traitement chez les personnes co-infectées participant aux soins du VIH au Canada.

La sécurité alimentaire comprend 3 catégories : 1) insécurité alimentaire marginale, 2) insécurité alimentaire modérée et 3) insécurité alimentaire sévère. Une insécurité alimentaire marginale et modérée indique une crainte de manquer de nourriture ou des compromis dans la qualité et/ou la quantité de nourriture consommée, tandis qu’une insécurité alimentaire grave indique des habitudes alimentaires perturbées et une réduction de l’apport alimentaire. De 725 participant(e)s de la CCC, 468 (65% des répondant(e)s) n’avaient pas un accès adéquat à la nourriture en raison d’un manque d’argent. Non seulement ces personnes étaient 8 fois plus susceptibles d’être incapables d’obtenir suffisamment de nourriture par rapport à la population adulte canadienne en général, mais plus de la moitié des personnes vivant avec le VIH et l’hépatite C renonçaient également à des repas et passaient parfois des journées sans nourriture (insécurité sévère).

L’insécurité alimentaire était également associée à un mauvais contrôle virologique du VIH, ce qui signifie que l’incapacité d’obtenir des aliments nutritifs et sûrs expose les participants au risque d’avoir une charge virale détectable du VIH. Cependant, l’insécurité alimentaire n’a pas eu d’impact significatif sur la récupération des cellules CD4, ce qui signifie qu’un accès limité à la nourriture ne semble pas avoir d’effet majeur sur la fonction immunitaire. Les symptômes dépressifs semblaient expliquer une partie, mais pas la totalité, de l’effet de l’insécurité alimentaire sur la charge virale du VIH, ce qui suggère que l’insécurité alimentaire lui-même peut avoir un impact négatif sur la capacité des personnes à maintenir le contrôle du VIH. Les raisons possibles peuvent être le manque de nourriture régulière qui peut signifier que certains médicaments ne sont pas bien absorbés, ou que les personnes souffrant d’insécurité alimentaire peuvent être obligées de choisir entre acheter de la nourriture ou payer leurs médicaments. L’article sur l’effet médiateur des symptômes dépressifs sur les résultats de santé liés à l’insécurité alimentaire peut être trouvé ici :

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31950306/

Une carte d’information avec le résultat de cette étude a été créée comme outil de transfert de connaissances et a été distribuée aux participant(e)s du CCC (voir l’image ci-dessous). Il les encourageait à parler avec leurs fournisseurs de soins de santé en cas d’insécurité alimentaire, car il peut y avoir des services disponibles pour les aider à accéder à la nourriture.

Les résultats de l’étude ont été publiés dans plusieurs revues scientifiques, notamment AIDS and Behavior, Drug and Alcohol Dependence et HIV Medicine. Ils ont également été publiés sur le site Web de CATIE, la source canadienne d’information sur le VIH et l’hépatite C.

Deux doctorants en épidémiologie de l’Université McGill, Taylor McLinden et Wusiman Aibibula, ont joué un rôle déterminant dans le succès de l’étude en faisant avancer les analyses et en communiquant les résultats.